21
Le fléau propre aux voleurs

 

 

La petite créature sautait de rocher en rocher, dévalant la pente comme si elle était poursuivie par la mort en personne. Talonné par un Wulfgar enragé qui hurlait de douleur à cause de sa blessure à l’épaule réouverte, le gobelin aurait sans doute eu davantage de chances de s’en tirer face à la mort.

La piste se terminait sur un à-pic de près de cinq mètres, ce qui ne freina pas le petit être, qui sauta sans la moindre hésitation. Après s’être lourdement réceptionné en une tentative peu réussie de roulade, il se releva, ensanglanté mais vivant.

Wulfgar ne le suivit pas ; il ne pouvait se permettre de s’éloigner plus encore de l’entrée de la grotte, où Morik était toujours en train de se battre. Il s’arrêta en un dérapage et s’empara d’une pierre, qu’il lança sur le gobelin. Il manqua sa cible, trop éloignée, mais, satisfait de voir le fuyard filer sans demander son reste, il fit demi-tour et repartit en courant vers la grotte.

Il se rendit toutefois compte bien avant d’y parvenir que le combat était terminé. Perché au pied d’un pic rocheux, Morik était à bout de souffle.

— Ces petits rats courent vite ! s’exclama-t-il.

Wulfgar hocha la tête et se laissa tomber assis par terre. En rentrant, un peu plus tôt, d’un aller-retour de reconnaissance au col, ils avaient trouvé une dizaine de gobelins décidés à s’approprier leur grotte. À douze contre deux, ces derniers n’avaient eu aucune chance de l’emporter.

Seule l’une de ces créatures avait été tuée, la gorge broyée par le poing de Wulfgar, tandis que les autres n’avaient pas tardé à prendre la fuite de tous côtés. Les deux compagnons savaient qu’aucun de ces êtres lâches ne reviendrait dans le secteur avant un très long moment.

— J’ai eu sa bourse, à défaut de son cœur, dit Morik en brandissant un petit sachet en cuir.

Il souffla dans ses doigts afin d’invoquer la chance – mais également car le vent sifflant des montagnes était particulièrement frais ce jour-là – et vida la bourse, les yeux écarquillés. Wulfgar se pencha lui aussi avec avidité. Deux pièces d’argent, plusieurs de cuivre et trois petites pierres brillantes – pas des gemmes, juste des pierres banales – en sortirent.

— Quelle chance de ne pas être tombés sur un marchand en cours de route, marmonna avec sarcasme Wulfgar. Nous aurions manqué ce fabuleux trésor.

Morik laissa tomber ce maigre butin au sol.

— Il nous reste encore beaucoup d’or de l’attaque du carrosse, à l’ouest, rappela-t-il.

— Quel plaisir de vous entendre le reconnaître, intervint depuis les hauteurs une voix inattendue. (Les deux amis levèrent les yeux sur l’éperon rocheux et aperçurent un homme, vêtu d’une robe bleue flottante et équipé d’un bâton en chêne, qui les observait.) C’est vrai ; j’aurais été déçu de m’être trompé de voleurs.

— Un magicien, grommela Morik, dégoûté et tendu. Je hais les magiciens.

L’inconnu leva son bâton et entonna une incantation mais Wulfgar se montra plus rapide encore ; il se baissa et ramassa une pierre de bonne taille, qu’il lança aussitôt sur ce perturbateur. Sa visée s’avéra parfaite et le projectile s’écrasa sur la poitrine de l’intrus ; cependant la pierre ne fit qu’y rebondir sans aucune conséquence. L’homme ne parut même pas s’en apercevoir.

— Je hais les magiciens, beugla de nouveau Morik en plongeant sur le côté.

Wulfgar tenta de faire de même mais trop tard ; l’éclair jailli du bâton le toucha de plein fouet et l’envoya à terre.

Après une roulade, le barbare se releva en jurant, une pierre dans chaque main.

— Combien de coups pourras-tu encaisser ? cria-t-il au magicien, avant de lancer une pierre, qui manqua de peu sa cible.

La deuxième fut écartée par le bras de cet agresseur, que cela amusait, visiblement, aussi efficacement que si le projectile s’était heurté à une paroi rocheuse.

— Tout le monde connaît un magicien, sur Faerûn, ou quoi ? se plaignit Morik, qui, passant d’un abri à un autre, essayait d’escalader le promontoire.

Convaincu d’être en mesure d’échapper – que ce soit par les poings ou par la ruse, et notamment avec Wulfgar à ses côtés – à n’importe quel chasseur de primes ou seigneur de guerre de la région, le voleur n’ignorait pas qu’il en allait tout autrement en ce qui concernait les magiciens, comme il l’avait compris tant de fois à ses dépens et dans la douleur, dont récemment, lors de sa capture dans les rues de Luskan.

— Combien ? hurla encore Wulfgar, projetant une pierre qui n’atteignit pas non plus son but.

— Un seul ! répondit le magicien. Pas un de plus.

— Alors frappe-le, cria Morik, se méprenant, à son compagnon.

En réalité, le magicien avait répondu en songeant au prisonnier qu’il allait emporter avec lui et non au nombre de coups que sa peau de pierre était capable de tolérer. Alors que Morik poussait un grand cri, l’homme en robe pointa sa main libre sur Wulfgar. Une excroissance noire se développa au bout de ses doigts tendus et descendit le long de l’éperon rocheux à une vitesse ahurissante pour envelopper le barbare, qui fut ligoté en une seconde.

— Je ne vais pas laisser l’autre indemne ! s’écria le magicien, s’adressant à quelqu’un qui n’était pas présent.

Il serra le poing, sa bague se mit à briller, et il frappa le sol de son bâton. S’ensuivirent un éclat aveuglant et une bouffée de fumée ; le mage et Wulfgar disparurent dans un grondement tonitruant qui ébranla la roche.

— Ah ! Les magiciens…, cracha avec mépris Morik, une seconde avant que l’éminence – au pied de laquelle il se trouvait – s’effondre.

 

* * *

 

Il se trouvait dans la salle d’audience d’un château. Toujours attaché par ce filament noir, qui faisait plusieurs fois le tour de sa poitrine de façon à lui immobiliser les bras, Wulfgar tenta d’y porter des coups de poing, hélas ce lien était flexible et ne fit que se plier quelque peu sous ses frappes, dont il absorba toute l’énergie. Le barbare s’en saisit alors à pleines mains et essaya de le tordre et le déchirer mais, tandis qu’il s’activait, l’extrémité du filament, qui n’était plus relié au magicien, s’enroula autour de ses jambes et le fit trébucher, puis s’écraser sur le sol dur. Wulfgar roula sur le côté et se tortilla autant qu’il le put, en vain. Il était prisonnier.

Des bras, il empêcha cette chose de s’en prendre à son cou et quand il fut enfin certain qu’elle ne comptait pas le blesser, il reporta son attention sur l’endroit où il était apparu. Le magicien se tenait debout, devant deux fauteuils, sur lesquels étaient assis un homme d’environ vingt-cinq ans et une femme, plus jeune, indéniablement magnifique et qu’il ne reconnaissait que trop bien.

Auprès d’eux se trouvaient un homme plus âgé et, sur une chaise, à l’écart, une femme quelque peu enrobée qui devait approcher les quarante printemps. Wulfgar nota également la présence de plusieurs soldats dans la pièce, le visage sinistre et bien armés.

— Comme promis, dit le magicien, en s’inclinant devant le jeune homme installé sur son trône. À présent, si vous le permettez, réglons le petit détail concernant mes honoraires.

— Vous trouverez l’or dans les appartements que je vous ai réservés, lui fut-il répondu. Pas un instant je n’ai douté de vous, mon cher. Galway, le marchand qui loue vos services, n’a pas tari d’éloges à votre sujet.

Le magicien s’inclina de nouveau.

— Mes services sont-ils encore requis ? s’enquit-il.

— Combien de temps cela tiendra ? demanda le noble en indiquant le filament qui maintenait Wulfgar captif.

— Longtemps, assura le magicien. Suffisamment de temps pour l’interroger, et sans doute le condamner, puis le traîner dans votre donjon ou le tuer sur place.

— Dans ce cas, vous pouvez vous retirer. Dînerez-vous en notre compagnie ce soir ?

— J’ai hélas beaucoup de travail à la Tour des Arcanes, répondit le mage. Je vous salue, seigneur Féringal.

Il s’inclina une dernière fois et quitta les lieux, non sans glousser en passant devant le barbare étendu par terre.

À la surprise générale, Wulfgar poussa un grognement, s’empara du filament à deux mains et le brisa en deux. Il s’était à peine relevé, alors que de nombreux cris fusaient dans la pièce, quand une dizaine de soldats se ruèrent sur lui et le frappèrent de leurs poings aux gants métalliques et à coups de lourdes massues. Toujours à la lutte avec ses liens, Wulfgar parvint à libérer une main et envoya voler un soldat, avant d’en attraper un autre par la nuque et de lui plaquer le visage contre le sol. Il fut toutefois bientôt lui-même bloqué à terre, aussi étourdi que meurtri. Le magicien relâcha l’étreinte de son sort et Wulfgar se retrouva les mains dans le dos, liées par d’épaisses chaînes.

— Te resterait-il quelque pouvoir pour m’arrêter si nous n’étions que tous les deux, magicien ? gronda le prisonnier obstiné.

— J’aurais pu te tuer, dans les montagnes, rétorqua le mage, clairement embarrassé par l’échec de sa magie.

Wulfgar lui cracha en plein visage.

— Comment oses-tu ? s’écria le magicien, qui, fou de rage, se mit à agiter les doigts.

Sans lui laisser le temps de lancer un sort, Wulfgar échappa aux soldats et vint le percuter d’un coup d’épaule qui l’envoya au sol. Le barbare fut aussitôt maîtrisé et le magicien, secoué, se releva et sortit de la pièce.

— Impressionnante démonstration, commenta sarcastiquement le seigneur Féringal, la mine renfrognée. Dois-je t’applaudir avant de te castrer ?

Ces mots attirèrent l’attention de Wulfgar, qui commença à répondre, mais un garde le frappa afin de le contraindre au silence.

Le seigneur Féringal se tourna vers la jeune femme assise à côté de lui.

— C’est lui ? lui demanda-t-il, chacun de ses mots imprégnés de venin.

Wulfgar considéra cette adolescente, qu’il avait protégée de Morik sur la route, qu’il avait libérée sans lui avoir fait de mal. Il aperçut dans ses yeux d’un vert riche une émotion qu’il eut du mal à saisir. De la tristesse, peut-être ? Certainement pas de la colère, en tout cas.

— Je… Je ne crois pas, répondit-elle en détournant le regard.

Le seigneur Féringal écarquilla les yeux, tandis que le vieil homme et l’autre femme restaient bouche bée.

— Regardez encore, Méralda, lui ordonna sèchement Féringal. Est-ce lui ? (Pas de réponse. Wulfgar décelait à présent clairement de la souffrance dans ses yeux.) Répondez-moi !

— Non ! cria-t-elle, refusant de regarder quiconque.

— Qu’on fasse venir Liam ! beugla le seigneur Féringal.

Derrière Wulfgar, un soldat sortit précipitamment de la pièce et fut de retour quelques instants plus tard en compagnie d’un vieux gnome.

— Oh ! C’est bien lui, aucun doute, dit ce dernier, qui s’approcha et regarda le prisonnier droit dans les yeux. Tu pensais que je ne te reconnaîtrais pas ? Tu m’as bien eu ; ton ami, ce sale petit rat, a détourné mon attention pour que tu puisses me surprendre. Je te reconnais, chien de voleur, car je t’ai vu de près ! (Il se tourna vers son maître.) C’est bien lui.

Féringal considéra un long moment la femme assise à côté de lui.

— En es-tu certain ? demanda-t-il au cocher sans quitter Méralda des yeux.

— Je n’ai pas souvent été vaincu, seigneur, répondit Liam. Je suis d’après vous le meilleur combattant d’Auckney, raison pour laquelle vous m’avez confié la protection de votre dame. J’ai échoué et je ne prends pas cela à la légère. C’est bien lui… Je suis prêt à vous offrir n’importe quoi pour que vous m’autorisiez à me mesurer à lui à armes égales.

Il se retourna et planta son regard dans les yeux du captif, lequel le soutint sans rien ajouter, bien que certain d’être capable de briser sans effort ce gnome en deux, car il ne pouvait oublier qu’il s’était montré injuste envers ce petit personnage.

— As-tu quelque chose à dire pour ta défense ? demanda le seigneur Féringal, qui s’approcha, écarta Liam et enchaîna, sans laisser le temps à son prisonnier de répondre, d’une voix dure et à peine audible. Je te réserve un donjon. Un endroit sombre, jonché des restes et des os de ses anciens occupants. Rempli de rats et d’araignées affamés. Oui, pauvre fou, j’ai un endroit où te faire pourrir jusqu’au jour où je déciderai de te tuer de la plus horrible des façons.

Après ce qu’il avait déjà subi au cours de son existence, Wulfgar connaissait par cœur cette procédure, aussi ne réagit-il que par un soupir. Puis il fut conduit ailleurs.

 

* * *

 

Depuis un coin de la salle d’audience, l’intendant Témigast observait la scène avec une grande attention, regardant tour à tour Wulfgar et Méralda. Puis il se tourna vers Priscilla, qui ne disait mot et réfléchissait sans doute autant que lui.

Voyant la haine affichée sur le visage de la sœur du seigneur quand elle regardait Méralda, il comprit qu’elle estimait que la jeune femme avait pris du plaisir au cours de ce viol. Peut-être même pensait-elle que cela n’avait pas véritablement été un viol.

Au vu de la taille du barbare, il était impossible pour Témigast de se ranger à cet avis.

 

* * *

 

Correspondant en tout point aux promesses du seigneur Féringal, la cellule était affreuse ; sombre, humide et noyée dans l’immonde puanteur de la mort. Wulfgar n’y voyait rien, pas même sa propre main quand il l’approchait à quelques centimètres de son visage. Contraint de tâtonner dans la boue et parmi d’autres choses encore plus écœurantes, il écarta quelques ossements, en une vaine tentative de dénicher un coin sec où s’asseoir, tout en écrasant les araignées et autres bêtes qui grouillaient dans les environs, impatientes de découvrir le nouveau repas qui venait de leur être livré.

Pour la plupart des gens, ce donjon aurait semblé pire encore que les tunnels de la prison de Luskan, principalement du fait de la sensation de vide et de solitude qui y prédominait, cependant Wulfgar ne craignait ni les rats ni les araignées. Ses terreurs étant dues à des choses nettement plus profondes, il se rendit vite compte qu’il n’aurait aucun problème à repousser les horreurs de ce lieu obscur.

Ainsi s’écoula la première journée. Au cours de la suivante, le barbare fut réveillé par la lueur d’une torche et le bruit d’un garde. Celui-ci glissa une assiette de nourriture pourrie à travers l’étroite fente de la cloison – métallique et pourvue de barreaux – qui isolait ce trou crasseux des tunnels humides. Wulfgar essaya d’avaler cette substance mais la recracha immédiatement, songeant qu’il valait peut-être mieux essayer d’attraper un rat, dont il n’aurait ensuite qu’à arracher la peau.

En cette deuxième journée, il fut la proie d’une certaine agitation, en grande partie due à la colère qu’il éprouvait envers le monde entier. Peut-être méritait-il d’être puni pour ses activités de bandit de grand chemin – il était prêt à en accepter la responsabilité –, mais ce châtiment dépassait de loin la justice correspondant à la simple agression du carrosse du seigneur Féringal.

Wulfgar était également furieux contre lui-même. Peut-être Morik avait-il eu raison depuis le début ; peut-être n’était-il pas doté du cœur nécessaire pour mener cette vie. Un bandit digne de ce nom aurait laissé mourir le gnome ou l’aurait au moins achevé sans délai. Un bandit digne de ce nom aurait pris du plaisir avec la femme, puis il l’aurait emportée avec lui, soit pour la vendre, soit pour en faire son esclave personnel.

Il se mit à rire. Oui, décidément, Morik avait vu juste. Wulfgar n’avait pas du tout le cœur pour cela. Et voilà qu’il se retrouvait ici, plus misérable que jamais, tombé au plus bas de l’échelle de la société civilisée, idiot trop incompétent pour faire un bandit de grand chemin convenable.

Il passa l’heure suivante non pas dans sa cellule mais de retour sur l’Épine dorsale du Monde, cette immense ligne qui séparait ce qu’il avait autrefois été de ce qu’il était devenu, cette barrière physique qui figurait un symbole parfaitement approprié à sa propre barrière mentale, la muraille qu’il avait lui-même érigée, telle une chaîne de montagnes émotionnelle, afin de contenir les douloureux souvenirs d’Errtu.

Il se trouvait à présent en esprit sur l’Épine dorsale du Monde, les yeux rivés sur le Valbise et la vie dont il avait autrefois profité, puis il se retourna et fit face au sud et à la misérable existence qu’il subissait désormais. Il conserva les paupières baissées, même s’il n’aurait de toute façon rien vu dans l’obscurité, n’accordant aucune attention aux nombreuses choses grouillantes qui s’en prenaient à lui, si bien qu’il fut plus d’une fois mordu par une araignée.

Un peu plus tard, ce jour-là, un bruit le sortit de sa transe. Il ouvrit les yeux et aperçut les reflets d’une torche, dans le tunnel qui donnait sur sa porte.

— Toujours vivant ? demanda une voix de vieil homme.

Wulfgar se redressa sur ses genoux et rampa jusqu’à la cloison, clignant à plusieurs reprises des yeux tandis qu’il s’habituait à la lumière. Au bout de quelques instants, il reconnut le conseiller présent dans la salle d’audience, qui d’ailleurs lui rappelait physiquement le juge Jharkheld, de Luskan.

Le barbare poussa un grognement et empoigna les barreaux.

— Brûlez-moi donc avec cette torche, dit-il. Prenez vos plaisirs pervers comme vous l’entendez.

— Furieux d’avoir été capturé, j’imagine ? répondit Témigast.

— C’est la deuxième fois que je suis emprisonné à tort.

— Les prisonniers ne sont-ils pas tous enfermés à tort, d’après eux ?

— La femme vous a dit que j’étais innocent.

— Elle a beaucoup souffert, dit l’intendant. Peut-être est-elle incapable d’affronter la vérité.

— Ou peut-être dit-elle la vérité.

— Non, dit Témigast en secouant la tête. Liam se souvient de toi sans le moindre doute. Il ne peut pas se tromper. Prétends-tu ne pas être le voleur qui a renversé le carrosse ? (Wulfgar grogna encore et regarda fixement son vis-à-vis sans ciller, avec toutefois une expression qui indiquait sans ambiguïté qu’il ne niait pas cette accusation.) Ce seul délit suffirait à te coûter les mains et te garder emprisonné autant d’années que le seigneur Féringal l’estimerait juste. Cela pourrait également te coûter la vie.

— Votre cocher, Liam a été blessé. Accidentellement. J’aurais pu le laisser mourir sur la route. Quant à la fille, aucun mal ne lui a été fait.

— Pourquoi assure-t-elle le contraire, alors ? demanda calmement Témigast.

— C’est ce qu’elle a dit ? s’étonna Wulfgar, qui leva la tête, commençant à comprendre pourquoi le jeune seigneur avait paru si furieux.

Il avait dans un premier temps supposé cette rage due à son seul orgueil – après tout, cet homme n’était pas parvenu à assurer la sécurité de sa femme – mais avec le recul, le barbare soupçonnait qu’il avait été question de quelque chose de plus grave, d’une atrocité bien plus condamnable, notamment quand les premiers mots du jeune noble, la menace d’une castration, lui revinrent à l’esprit.

— J’espère que le seigneur Féringal a prévu une mort des plus atroces pour toi, barbare. Tu n’as pas idée de sa souffrance, dont tu es responsable, ni de celle de dame Méralda et de l’ensemble des habitants d’Auckney. Tu n’es qu’un vaurien, un chien, et ce ne sera que justice que tu meures, que ce soit au cours d’une exécution publique ou ici, seul dans la crasse.

— Ce n’est que pour m’annoncer ça que vous êtes descendu ? ricana Wulfgar.

Témigast lui frappa la main avec sa torche, le contraignant ainsi à retirer le bras du barreau.

Sur ce, le vieil homme fit demi-tour et repartit immédiatement, laissant Wulfgar seul dans l’obscurité, avec de curieuses pensées tourbillonnant dans son esprit.

 

* * *

 

Malgré son accès de colère sincère, Témigast ne quitta pas la prison avec l’esprit résolu. La réaction de Méralda, face au barbare, dans la salle d’audience, l’avait poussé à descendre lui rendre visite ; il fallait qu’il découvre la vérité, qui semblait désormais extrêmement confuse. Pourquoi Méralda n’avait-elle pas identifié Wulfgar si elle l’avait bel et bien reconnu ? Comment était-ce possible ? Il était difficile d’oublier cet homme, qui culminait à près de deux mètres dix et dont les épaules étaient aussi larges que celles d’un jeune géant.

Témigast, qui avait deviné que Priscilla pensait que Méralda avait pris du plaisir en étant violée, était en tout cas certain que la sœur du seigneur se trompait.

— Ridicule…, marmonna-t-il, donnant ainsi vie à ses pensées de façon à y voir plus clair. Complètement ridicule.

Soudain, l’explication lui apparut, aussi claire que la vision d’un jeune fou glissant d’une falaise.

L'Épine Dorsale du Monde
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